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Interview - L'Entretien avec Alice Tubello : "Je me disais que c'était la fin"

Par Alexandre HERCHEUX le 28/03/2024 à 11:57. Mis à jour le 30/03/2024 à 16:02.
Interview
Photo : @TennisActu/@AlexisBelhache

Courage et persévérance... Deux qualités indéniables chez Alice Tubello. Agée de seulement 23 ans, la Clermontoise n'a pas été épargnée par les pépins au cours de sa jeune carrière. Opérée trois fois au poignet, en 2021 et 2022, puis "passée sur le billard" à nouveau en 2023, juste après Roland-Garros, à cause d'une grave blessure à l'épaule, la Française a su faire preuve de caractère pour revenir fin janvier sur le circuit et briller. Dimanche, Tubello s'est adjugée le titre au 15 000 dollars du Havre.

Vidéo - Alice Tubello, titrée au Havre, au micro de Tennis Actu

Une récompense bien méritée pour l'étudiante en STAPS, qui avait découvert Roland-Garros en mai dernier et tout de même atteint la 323e place. Rencontrée pour la première fois lors de Roland-Garros Juniors en 2018, Alice Tubello s'est à nouveau exprimée au micro de Tennis Actu pour évoquer sa terrible blessure en 2023, les efforts consentis pour revenir et surtout parler de ses ambitions pour 2024 et 2025. L'Entretien Tennis Actu

 

"J’ai fait une meilleure reprise que ce que j’imaginais"

Alice, comment te sens-tu, quelques jours après ton titre au Havre, le premier depuis 2022 ?

Tout va bien. Troisième titre en pro et premier de l’année donc tout va bien !

 

Les sensations avaient l’air bonnes depuis ton retour fin janvier. Tu as seulement été battue d’entrée à Grenoble, sinon tu as toujours au moins atteint les quarts. Ce titre, c’est une surprise, un soulagement, une libération ?

Une surprise pas vraiment. Est-ce que ça me soulage ? Oui. J’ai fait une meilleure reprise que ce que j’imaginais. De le concrétiser avec un titre, ça fait plaisir. Je savais que j’avais un bon niveau mais je ne savais pas si je pouvais enchaîner. C’était mon point d’interrogation. Ça fait plaisir.

 

Tu devais être dans l’inconnu en reprenant après plus de six mois d’absence ?

Oui tout à fait. L’objectif principal était déjà de reprendre une raquette et de taper dans une balle. Le deuxième objectif était de reprendre du plaisir sur le terrain. Ça a été compliqué de voir que le niveau n’était pas là. Il a fallu accepter pas mal de choses et aussi faire le deuil d’autres choses. Ça a repris beaucoup mieux que ce que je pensais en compétition.

 

"En 2023, il a fallu faire une nouvelle opération à l’épaule après Roland-Garros. Je perdais la force de mon bras"

C’est aussi une récompense. Tu as été blessée sérieusement en 2023. Peux-tu nous rappeler ce que tu as eu et comment ça s’est passé ?

Alors j’ai été blessée sérieusement en 2023 mais j’ai eu des opérations avant déjà. En 2021, j’ai été blessée au poignet. J’ai dû me faire opérer en 2021 et 2022. Ça a été le premier obstacle. Il a fallu faire plusieurs comebacks. Ensuite, en 2023, il a fallu faire une nouvelle opération à l’épaule après Roland-Garros, à cause d’une compression du nerf supra scapulaire. Je perdais la force de mon bras. Je n’avais pas de douleur à la base mais c’était invalidant. L’opération s’est bien passée, la rééducation aussi et j’ai pu être de retour sur les courts assez vite.

 

Tu étais montée à la 323e place mondiale en mai 2023, avant la blessure. Tu as joué ton premier match à Roland-Garros chez les grandes. Tu pouvais surtout viser le cut qualifs de Grand Chelem. Ça a été dur à avaler d’être stoppée dans ton élan ?

Je revenais de mes deux opérations au poignet. J’ai joué avec un revers à une main pendant deux ans et demi, ce qui n’est pas évident. En bricolant au revers, j’ai pu monter au classement et être 323, sans pouvoir jouer une année complète. Effectivement, l’idée était d’aller chercher toutes les qualifs de Grand Chelem.

 

As-tu eu peur ? Surtout que tu avais déjà eu ces blessures par le passé…

Oui bien sûr… J’ai perdu quasiment l’utilisation de mon bras. Ça fait hyper peur. On se dit qu’on ne va peut-être jamais le retrouver. Je passais des examens mais on n’avait pas de résultats. Quand j’ai su le diagnostic, ça a été un soulagement. Je me suis dit que j’allais peut-être retrouver un peu mon bras. On n’avait pas d’objectif. Au final, tout s’est bien compensé et je peux même avoir un résultat correct.

 

C’était au-delà du tennis. Il y avait le doute de retrouver tes capacités physiques de tous les jours.

Oui, ça devenait handicapant. Il y avait la peur de ne pas savoir ce qui se passait. Faire le deuil du terrain, accepter une opération… Est-ce que j’allais pouvoir revenir après ça ? J’avais laissé beaucoup de jus dans les opérations d’avant.

 

Comment as-tu fait pour surmonter ça ?

Clairement grâce à l’entourage. Moi, j’avais tendance à être négative. Je me disais que c’était peut-être la fin, qu’il fallait passer à autre chose. On a bossé tous les jours, j’avais toujours la petite flamme. J’ai été aidée par des personnes incroyables, on a avancé jour après jour pour se rapprocher des terrains à nouveau.

 

"J’ai toujours baigné dans une culture pluridisciplinaire. J’ai commencé au cirque, j’ai deux parents judokas. J’ai fait de la boxe anglaise. J’ai aussi fait du triathlon"

Tu avais réfléchi à une nouvelle orientation professionnelle ?

Oui, j’avais déjà repris après ma troisième opération du poignet ma Licence STAPS. Ça me plait de faire des cours à côté, ça m’a aidée à me libérer l’esprit. J’ai pu rencontrer du monde. J’étais sereine et prête à l’accepter. Finalement, ça m’a aidée à faire la rééducation et reprendre la raquette.

 

Et maintenant ? Quel regard portes-tu sur tes études ?

J’ai validé mes trois premiers semestres. Je suis en train de valider le quatrième. Il me reste un an. Je souhaite continuer les études à côté. Je m’entends bien avec ma Fac, tout le monde est conciliant pour m’aider à gérer tennis et études. J’espère mener à bien les deux, sans que les études n’empiètent sur ma carrière de joueuse.

 

Tu voudrais rester dans le tennis ensuite grâce à ce diplôme ?

Pour le coup, ce n’est pas une volonté que de rester dans le monde du tennis. Je pense que j’aurai envie de faire d’autre chose et découvrir de nouvelles personnes. Tout ce qui est préparation physique m’intéresse. On verra où ça nous mène.

 

La condition physique, ça te parle. Tu touches à beaucoup de choses, notamment le triathlon…

J’ai toujours baigné dans une culture pluridisciplinaire. J’ai commencé au cirque, j’ai deux parents judokas. J’ai fait de la boxe anglaise. J’ai aussi fait du triathlon. C’est drôle parce que ça a marqué les gens. En 2018, je gagne les championnats de France 17/18 ans. Ensuite, je gagne les secondes séries la semaine d’après. Le lendemain matin, je faisais mon premier triathlon. Pour moi, c’était un kiff. L’aboutissement de pas mal de travail. Ça a marqué les gens… (sourire)

 

Personne n’a jamais voulu te freiner ?

Bien sûr ! On a essayé de me faire comprendre qu’il fallait faire des choix. J’ai eu la chance d’être accompagnée par des gens qui me connaissaient. J’avais besoin de cet exutoire. La vie n’a pas toujours été facile et ça me permettait de me défouler et d’être meilleure au tennis. J’ai essayé d’arrêter les sports à côté mais ça n’a pas été mes meilleures périodes sur le court de tennis. Je suis reconnaissante d’avoir rencontré des gens qui m’ont comprise et qui ont accepté ça.

 

Toutes ces activités ont causé tes blessures ? Un lien a été fait ?

Oui bien sûr… Je me suis blessé au judo, à la boxe… J’ai pris aussi des gamelles en vélo. Ça reste. J’ai grandi et j’ai plus de maturité pour comprendre ce qu’il s’est passé. Il y a aussi eu de la malchance avec mon épaule et les poignets. Sans les autres sports, peut-être que je ne jouerais plus au tennis. On ne peut pas savoir…

 

Maintenant, tu es centrée uniquement sur le tennis ?

Avec les blessures, je me suis calmée. J’ai toujours plaisir à toucher à tout avec ma structure à Clermont. Ils me connaissent depuis petite. J’aime me fixer des challenges à côté du tennis. L’idée reste de performer dans le tennis et tout est cadré dans ce sens.

 

Tennis Actu avait rencontré Alice Tubello à Roland-Garros Juniors 2018

 

"L’idée, c’est d’être cut qualifs de Grand Chelem en 2025"

Maintenant, tu es 551e mais tu as battu deux joueuses du Top 250 à Andrézieux, quel est le cap ?

C’était déjà reprendre de la confiance et du plaisir, voir mes limites avec un nouveau corps. L’idée, c’est d’être cut qualifs de Grand Chelem en 2025. Pour l’Open d’Australie si possible.

 

A quoi ressemblerait une année 2024 réussie ?

Je n’ai aucun objectif de classement si ce n’est atteindre les qualifs de Grand Chelem. Pas d’objectif de titre. On ne peut pas se comparer aux autres. J’ai mon propre chemin et mon propre passé. Je ne peux pas me comparer à des filles moins blessées, qui ont toujours joué en 2023. Mon idée est de toucher mes propres limites et je sais que j’en suis encore loin.

 

Et ton rêve ? Tu as 23 ans depuis peu. Tu as encore du temps. Quel rêve as-tu ?

D’être installée dans les Grands Chelems et d’essayer d’aller loin. Je suis devenue hyper réaliste. Mon idée est de ne me comparer à personne d’autre, d’être heureuse et si je le suis, je pourrai aller loin. C’est la vie que j’ai envie de mener.

 

Financièrement, les Grands Chelems changent tout. C’est cette sécurité aussi qui te motive ?

Evidemment. Le problème financier est commun à toutes les joueuses. Ça a été un frein dans ma carrière. Être en Grand Chelem, c’est une énorme sécurité financière et ça ouvre d’autres portes. En termes de voyage, d’organisation, tout est plus facile et ça libère l’esprit.

 

En ce moment, c’est difficile financièrement d’établir un calendrier ?

Ce qui m’est arrivé fait que je fonctionne au jour le jour. Le long-terme, ce n’est pas ce qu’il faut pour moi. On adapte semaine après semaine, mois après mois. Je suis repartie avec un classement bas. On ne savait pas si j’allais remonter. Je grappille donc c’est difficile d’établir un calendrier.

 

Tu te fixes une limite dans le temps ?

Non, il n’y a pas de limite d’âge. Si je continue comme ça, j’aurai ma place dans les Grands Chelems. On verra comment je tiens physiquement. Mon idée, c’est d’être épanouie. Si j’ai envie de tourner la page dans deux ans, ce sera mon choix. Si je suis en Grand Chelem, je continuerai aussi longtemps que possible.

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