WTA - Bethanie Mattek-Sands raconte sa blessure dramatique
Par Roxane TEJERINA le 21/03/2018 à 17:35
L'excellente joueuse de double Bethanie Mattek-Sands (143e) s'est vue attribuer une wild-card pour le tournoi de Miami. L'Américaine va disputer ce mercredi face à une Alizé Cornet dans la tourmente son premier match depuis sa dramatique blessure à Wimbledon, lors de son deuxième tour face à Sorana Cirstea. Ses cris raisonnent encore sur le court : "Help meee ! Pleeeaaase !" ("À l'aide, s'il vous plaît !"). En partenariat avec Tennis Warehouse, la lauréate de sept titres du Grand Chelem en double (dames/mixte) est revenue sur cette expérience traumatisante, du choc de la blessure jusqu'à la guérison, dans un entretien d'une durée de vingt-cinq minutes : à regarder sans modération!
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L'Américaine raconte donc chronologiquement : "Wimbledon. 2e tour. Début du troisième set. Je n'avais aucune idée de ce qui allait m'arriver. C'est arrivé si vite et en même temps je me disais : "Est-ce mon genou? Ai-je fait quelque chose de mal?" alors que je tombais et que je sentais mon genou partir dans le mauvais ens... J'ai fait l'erreur de le regarder et je n'aurai pas dû car il n'était pas normal... C'est le moment où je me suis mise à hurler... Jusqu'ici, je n'avais eu aucun soucis avec mon genou, j'arrivais de Roland-Garros où j'avais remporté le double avec Lucie Safarova... Ça a été beaucoup d'émotions, je me rappelle que je répétais à tout le monde de ne surtout pas remettre mon genou droit, tout ce que je voulais c'était aller à l'hôpital et qu'on me donne quelque chose pour moins souffrir... Ils m'ont donné de la morphine sur le court mais ça n'a rien fait du tout! C'est la blessure la plus douloureuse que j'ai jamais expérimentée de ma vie! Je disais à tout le monde que je tuerais celui qui me remetterait le genou droit, évidemment j'étais sous morphine... Je me demandais combien de temps j'allais être éloignée des courts, mais je devais rester dans le moment présent et faire confiance aux chirurgiens."
Avant d'enchaîner sur sa réeducation : "J'ai commencé ma réeducation trois jours après l'opération, ça m'a pris deux jours de sortir de ma colère, je ne suis pas la meilleure patiente au réveil d'une anésthésie... J'ai été un peu agressive parfois... J'ai dû laisser ma jambe étendue pendant dix semaines, donc c'était assez limité... Ma jambe droite faisait le quart de ma jambe gauche... Quand on pense aux heures aux années d'entraînement, tout ça part en six jours... On se sent tellement impuissant, j'étais assistée, j'avais besoin d'aide pour bouger, j'étais dépendante... Les premières semaines étaient un vrai challenge, je suis indépendante donc ça a été compliqué... Il m'a fallu le temps d'accepter..."
Les larmes aux yeux, elle continue : "Le soutien que j'ai reçu a été inconditionnel ! Pas seulement les amis et la famille, mais même des fans et les gens qui ne suivaient pas le tennis, m'ont donné des conseils, raconté les blessures qu'ils ont connues... Je me suis alors dit que j'avais deux options : accepter la blessure et prendre le temps, ou me refermer sur moi-même et me venger sur les autres... La première fois que j'ai refoulé un court, ça a été beaucoup d'émotions, je me suis entraînée à l'US Open, j'ai fait beaucoup de volées contre les murs donc quand je vais revenir, ma volée va être meilleure qu'elle ne l'a jamais été! Le moment qui m'a marqué et qui m'a procuré peut-être le plus d'émotions c'est lorsque j'ai réussi à renvoyer huit fois la balle en alternant coups droits et revers... Je me suis mise à pleurer et tout le monde a accouru vers moi, mon coach m'a demandé si ça faisait mal et j'ai juste répondu "Non je l'ai fait!" On imagine que fouler le court pour son premier match officiel depuis neuf mois devrait procurer à la joueuse aux chaussettes originales encore de grandes émotions!