Roland-Garros - J. Ostapenko : "Je peux remporter Wimbledon"

Quel exploit ! A 20 ans et deux jour, Jelena Ostapenko, 47e mondiale s'est offert la Roumaine Simona Halep (n°4) pour remporter le premier titre de sa carrière : un Grand Chelem, Roland-Garros. Menée 6-4, 3-0, la Lettone a su renverser le cours du match ce samedi pour finalement s'imposer 4-6, 6-4, 6-3, vingt ans après Gustavo Kuerten qui avait remporté le tournoi le jour de sa naissance. En conférence de presse, Ostapenko était très heureuse : "Il y a beaucoup de bonheur d'avoir remporté ce trophée. J'ai du mal à y croire. Mon rêve se réalise. Je vais vraiment réaliser dans deux ou trois jours, voire dans quelques semaines", a-t-elle notamment confié. Retrouvez l'ensemble de ses déclarations ci-dessous.

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Félicitations. Lors de la dernière conférence de presse, vous nous aviez dit que vous aviez commencé à vous intéresser sérieusement au tennis lorsque vous aviez 15 ans. Pouvez-vous nous parler de vos débuts ? Qui vous a motivée ?

En effet, ma maman était entraîneuse de tennis. J'ai toujours aimé le tennis. Je faisais également de la danse et à un moment, il a fallu que je choisisse. J'ai donné ma préférence au tennis et visiblement j'ai bien fait.  

Cette première expérience en finale de Grand Chelem, devant un public aussi nombreux, était différent ou c'était juste un match normal ?

Je jouais pour la première fois face à une joueuse comme Simona Halep. J'étais menée 3-0 au deuxième set. J'ai décidé de finalement reprendre les choses en main.  

Vous étiez menée comme vous l'avez dit 3-0, vous êtiez en finale d'un tournoi du Grand Chelem. Quelles sensations cela vous procure-t-il ?

J'ai essayé d'en profiter en me battant sur chaque point.  

Vous venez d'un pays où il n'y a pas d'histoire avec le tennis. C'est votre premier titre, ici, à Roland-Garros. C'est un peu comme Kuerten il y a quelques années. Quelles sont les similitudes entre sa carrière et la vôtre ?

Il y a des similitudes. Je suis née lorsqu'il remportait son premier Roland-Garros. Peut-être qu'il y a quelque chose dans les chiffres à regarder, je ne sais pas.  

Pouvez-vous nous dire quelle émotion vous avez ressentie lorsque vous avez soulevé le trophée ? Visiblement, il est lourd. Quelles sont les émotions pour vous et pour les personnes qui vous entourent ?

Beaucoup de bonheur d'avoir remporté ce trophée. J'ai du mal à y croire. Mon rêve se réalise. Je vais vraiment réaliser dans deux ou trois jours, voire dans quelques semaines.

 

Lorsque vous avez vu votre maman après le match, que vous a-t-elle dit ?

Elle m'a dit qu'elle était très heureuse. C'est elle qui m'aide dans ce que je fais et c'est ma mère.  

Avez-vous toujours joué au tennis comme aujourd'hui, avec des coups rapides très engagés sur le terrain ?

Oui, j'ai toujours eu cette possibilité de pouvoir frapper fort. Je sais que lorsque j'ai une chance de pouvoir faire un coup, une balle, je la saisis. Cest ainsi que je joue. C'est un peu ma personnalité. J'aime frapper fort.  

Vous étiez menée 3-0 dans le deuxième set, à ce moment-là, vous avez dit : "J'ai envie de prendre du plaisir, de profiter de ce moment". Vous pouvez développer ? Vous avez pu vous libérer, au niveau de vos mouvements, de vos coups ? Vous avez pu éliminer cette pression pour aller de l'avant ? 

C'est ça. J'ai continué à vouloir jouer de manière agressive, saisir toutes les occasions pour faire de grands coups. Je pense que Simona, à ce moment, a fait preuve d'une certaine fébrilité, de nervosité, elle était sous pression. Aux moments décisifs, j'ai aussi très bien joué. Il y a eu quelques points décisifs et au final, cela a renversé le match.  

 

Pouvez-vous nous parler de Colombini, qui est votre agent italien ? Quand l’avez-vous rencontré ? Dans quelles circonstances ? Pourquoi est-il votre agent après sept ans ? Il a notamment travaillé avec Murray et Del Potro.

C'est vrai. Ugo est mon agent depuis sept ans et il m'aide beaucoup.  

On a l'impression que vous n'avez jamais peur lorsque vous êtes sur le court. Comment pensez-vous que vous serez accueillie, avec une grande parade peut-être, lorsque vous rentrerez chez vous ?

Je pense. Je ne sais pas. Je sais que le match a été retransmis en direct, donc c'est assez impressionnant. Je ne sais pas ce qu'il y aura à mon retour.  

 

Quel match ! En quoi cela va-t-il changer votre vie ?

Je suis très heureuse mais bon, il me reste encore des améliorations à apporter à mon jeu pour devenir une meilleure joueuse encore. Je vais continuer à jouer beaucoup, avec beaucoup d'assiduité. J'espère remporter d'autres titres et améliorer mon classement.  

Avez-vous éprouvé une certaine nervosité avant le match ? Avez-vous bien dormi la nuit dernière ? En début du match, on avait l'impression que vous n'étiez pas nerveuse.

J'ai très bien dormi. Je n'étais pas nerveuse, ni hier ni ce matin. Cinq minutes avant l'entame du match, j'étais un peu nerveuse mais c'était normal. Lorsque j'étais menée, j'ai eu un peu de nervosité au début. Je me suis dit : "Tu n'as rien à perdre, profite du moment".  

Vous vous souvenez de la balle de match ? Vous avez envoyé un retour extrêmement rapide sur le service de votre adversaire. Vous avez réalisé à ce moment que vous veniez de remporter le titre, ce fameux titre de Roland-Garros ?

Comme je vous l'ai dit, c'est un rêve qui se réalise. Au moment où je vous parle, je n'ai pas vraiment réalisé encore. Sur ce retour gagnant, je n'avais rien à perdre. Je voulais marquer ce point.  

Lorsque vous avez frappé ce retour, vous saviez que c'était un coup gagnant ou pas ?

J'en ai envoyé pas mal des coups gagnants du même endroit, le long de la ligne. Le but était que cette balle soit à l'intérieur du court.

Jusqu'à aujourd'hui, lorsque vous êtes chez vous, dans votre pays, les gens savent qui vous êtes. Avez-vous la possibilité de vous promener dans la rue librement ? Si oui, cela va peut-être changer.

Je pense que les gens me connaissent. Certaines personnes me connaissent. Aujourd'hui, cela va peut-être un peu changer. Peut-être que plus de public risque de me reconnaître. J'espère pouvoir continuer à me promener dans la rue comme tout le monde.  

Vous étiez championne Juniors à Wimbledon. J'imagine que ce sera en pro maintenant. Pensiez-vous remporter Wimbledon en premier, si vous deviez remporter un tournoi du Grand Chelem ?

Je ne sais pas. J’ai aussi la possibilité de remporter Wimbledon. J'ai très envie d'y aller. Le gazon est ma surface de prédilection.  

Vous êtes championne en Grand Chelem. Quelles sont vos ambitions futures, quels sont vos objectifs ?

Gagner. Gagner tous les tournois du Grand Chelem. C’est mon objectif. Je vais travailler d'abord, travailler dur pour essayer d'arriver à un classement aussi élevé que possible.  

Lorsque vous jouez, que vous frappez comme vous le faites, y a-t-il quelqu'un aujourd'hui qui pourrait vous résister ?

C'est un bon jour. Je pense que tout est possible lorsque je joue bien.  

Le tournoi professionnel que vous avez gagné, c'était Saint-Pétersbourg. 50 000 dollars ITF, c’est cela ? Comment compareriez-vous cet événement à ce que vous avez vécu aujourd'hui ? Lorsque vous avez gagné en Russie, il y avait combien de personnes dans le public ?

On ne peut pas comparer. Il y avait 1 000 ou 2 000 personnes. Ici, il y a 15 000 personnes, avec du public qui vous soutient. On prend du plaisir.  

Tout est beau aujourd'hui, tout est fantastique. C'est un rêve qui se réalise. Y a-t-il eu des moments dans votre vie en tant que joueuse de tennis où vous étiez moins heureuse, où vous avez perdu un match et souhaité tout abandonner ? Y a-t-il eu des moments moins bons, difficiles ? Quels ont été ces moments ?

Il y a eu des moments négatifs où je suis sortie dès le premier tour. Dans ces moments, je me dis : « Il faut continuer à travailler et un jour, cela va changer ». Avec le travail, on peut gagner.  Comme toutes joueuses, comme de nombreuses joueuses, je fais peut-être 5 ou 6 heures d'entraînement par jour.  

 

Vous jouez très bien en double notamment au cours des derniers mois, des dernières semaines. Pensez-vous que cela vous aide, non pas pour gagner un tournoi du Grand Chelem comme aujourd'hui, mais de manière générale ? Pensez-vous que bien jouer en double cela vous permet d'avancer ?

Je pense que lorsque vous perdez en simple et que vous avez dans un tournoi la possibilité de continuer à jouer en double, cela aide. C'est utile.  

 

Vous avez indiqué que vous alliez continuer à travailler pour améliorer votre jeu. Vous avez fait beaucoup de balles en profondeur aujourd'hui. Vous avez fait certaines fautes directes. Est-ce de cela dont vous parliez ? Devez-vous continuer à travailler votre tactique, notamment votre coup droit ?

Je peux effectivement améliorer mon service. J'ai fait un certain nombre de fautes directes. Là aussi, j'ai encore du travail à faire.  

 

Vous êtes venue à Paris lorsque vous aviez 10 ans...

Oui, je suis venue pour visiter les musées et voir Paris. Je ne pensais pas du tout que je reviendrai un jour pour jouer au tennis et remporter un tournoi.  

 

Votre maman nous a dit que Serena était votre idole à l’époque, est-ce vrai ?

Tout à fait. C’est une grande championne. J’ai toujours aimé la voir jouer. Elle a un style similaire au mien.